L’homme qui tirait ses lancers à la cuillère

Logo Iowa_WolvesIl reste 15 minutes d’échauffement à la Wells Fargo Arena, et Canyon Barry se tient sur la ligne des lancers francs. Il est concentré sur son tir, alors que ses coéquipiers font feu de tous côtés. Il plie ses genoux, réalise son shoot à la cuillère et…. ficelle. Depuis le lycée, le fils de la légende Rick Barry tire ses lancers comme cela. Et jusqu’ici cela a fonctionné pour lui. Il en est même fier : « C’est l’une des choses que je suis presque le seul à faire, et je ne voudrais pas le voir disparaitre quand je prendrai ma retraite, car c’est un tir tellement fiable ».

Au début, c’était juste pour le fun. Mais au lycée il tirait à environ 76%, et cela ne lui suffisait pas. Il a alors adopté cette tactique, ce qui lui a parfois valu des moqueries, comme par exemple une fois un arbitre qui ne le connaissait pas qui lui a lancé « Pour qui tu te prends, le fils de Rick Barry ? ». Ça tombait bien, son père Rick était dans les tribunes, lui qui avait largement utilisé cette technique lorsqu’il était pro. Canyon a poursuivi dans cette voie, cumulant les heures d’entraînement avec ce geste. Ignoré lors de la draft NBA, il a alors rejoint les Iowa Wolves, avec lesquels il a tourné à près de 84% de réussite en 2018-2019. Ce printemps, lors de la très courte saison dans la bulle, il a mené la ligue dans cet exercice, ne ratant aucun de ses 21 tentatives. Il explique : « Vous devez bouger votre poignet, votre coude et votre épaule à l’unisson lorsque vous tirez par dessus la tête. Par le bas cela ne fait travailler que l’articulation de l’épaule. C’est donc plus facilement reproductible, et vous pouvez développer cette mémoire musculaire plus rapidement car vous n’avez besoin de vous concentrer que sur une articulation au lieu de trois ».

Et s’il en est à sa quatrième saison en G-league, cela interpelle toujours ceux qui ne l’ont jamais croisé. Lui s’en préoccupe peu, il est à force devenu un joueur important de sa formation. Et sa technique, il aimerait l’amener au niveau mondial. Il était membre de l’équipe de trois contre trois des USA qui a remporté la coupe du monde 2019 en gagnant ses sept matchs disputés. Il en était d’ailleurs le meilleur marqueur. Il était sélectionné pour l’équipe de qualification olympique mais, blessé, il n’avait pu participer au tournoi. Il aimerait toutefois pouvoir disputer les jeux, et y amener sa si particulière façon de tirer ses lancers. Rendez-vous à Paris, en 2024.